Flandres

Cannes 06, Grand prix du jury
de Bruno Dumont
avec Adelaïde Leroux, Samuel Boidin, Henri Cretel, Jean-Marie Bruveart, etc.


Avant d’être cinéaste, Bruno Dumont a enseigné la philosophie à des élèves qui n’en voulaient pas. En faisant du cinéma, le réalisateur a continué à en découdre, cette fois avec les spectateurs apeurés par ses visions radicales et épurées. Grand Prix du dernier Festival de Cannes, «Flandres» achève de faire de Dumont l’une des figures majeures du cinéma français actuel. Le quatrième long-métrage de l’auteur de «L’humanité» (1999) est divisé en trois parties. Un prologue nous confronte aux langueurs monotones de quelques jeunes gens du Nord de la France. Une partie centrale nous montre ensuite ces garçons en partance pour la guerre, dans un pays oriental non identifié, puis quelques fragments du combat qu’ils doivent mener en toute inhumanité.

Enfin, un épilogue stupéfiant décrit le retour au bercail d’un rescapé métamorphosé par l’abjection et ses retrouvailles, dramatiques, avec sa fiancée enceinte. Très loin des figures imposées du film de guerre, Dumont a choisi l’option de la «table rase», même si «Flandres» peut faire penser au «Full Metal Jacket» (1987) de Stanley Kubrick. Entre abstraction et matière, l’auteur de «La vie de Jésus» (1997) cherche son salut, même s’il sait bien que les idées ne se laissent jamais filmer, réactivant de façon passionnante cette «vieille» problématique qui ronge de l’intérieur tous les grands cinéastes!
2006, France, couleur, 1h31, programme n°138