Maxville dans le Grand Nord

Cinéaste prometteur et neuchâtelois d’adoption, le jeune Fisnik Maxville (autrefois Fisnik Maxhuni) présente son nouveau film en première mondiale à Visions du Réel. Intitulé «Nostromo», ce long-métrage documentaire nous emmène dans la nature du cercle arctique en posant des questions existentielles et spirituelles.

Né au Kosovo, Fisnik Maxville a émigré en Suisse, à Neuchâtel, encore enfant. Réfugié politique et apatride jusqu’à l’obtention de ses nationalités suisse et kosovare, il commence à réaliser ses premiers essais cinématographiques durant ses études en Relations Internationales à l’Université de Genève. En 2012, il obtient un Master en Géopolitique au King’s College London et devient membre de la London Film Society.

Voyageur, il parcourt le Japon, l’Indonésie ou la Bolivie, où il tourne plusieurs films, avant de se lancer dans des études de cinéma entre Lausanne et Genève (à l’ECAL et à la HEAD). Sous l’égide du grand cinéaste hongrois Béla Tarr, il coréalise alors à Sarajevo «Ministarstvo Sjecanja», avant de sortir diplômé de l’ECAL avec son film «Lost Exile». Tourné au Kosovo et récompensé d’une mention au Festival de Locarno en 2016, ce court-métrage de fiction narre la rencontre d’un passeur et d’une jeune femme fuyant un mariage arrangé.

En 2017, Fisnik Maxville fonde la maison de production Visceral Films avec Benoît Goncerut, ce qui lui permet de tourner en Iran le court-métrage «La Vallée heureuse», l’histoire d’un jeune homme à la recherche d’une pierre mythique perdue dans la mer caspienne. Il réalise ensuite «Zvicra», son premier long-métrage documentaire, où il aborde la question de la double identité en plongeant au cœur de la communauté kosovare de Suisse, puis «Fin de partie» (2020), le portrait de Bernard Challandes comme entraîneur de la toute jeune équipe nationale de foot du Kosovo.

Toujours passionné par la question des origines et de l’identité, Fisnik Maxville vient de réaliser «The Land Within Me», son premier long-métrage de fiction, qui raconte le retour d’un exilé dans son Kosovo natal et sa confrontation avec les fantômes de son passé. En parallèle, il a tourné «Nostromo» (2021) dans le Grand Nord canadien, un documentaire très justement récompensé par le Prix de la Compétition Nationale au festival Visions du Réel 2021.

A propos de «Nostromo»
«Nostromo» est un film fascinant qui ausculte aussi bien notre rapport à la nature et à la solitude qu’à l’au-delà et aux croyances ancestrales. D’une part, ce documentaire suit le quotidien d’Olivier, un jeune Français arrivé dans le Nord-Ouest de l’archipel arctique canadien il y a vingt ans pour vivre en osmose avec la nature. Seul sur une petite île, il vit de la pêche et des poissons qu’il met soigneusement à sécher dans son fumoir. D’autre part, le film accompagne trois autochtones américains partis chasser l’élan dans les environs, dont un inquiétant protagoniste défiguré…

Alternant entre les gestes d’Olivier et la quête des Natifs, leurs confidences existentielles et les aurores boréales, Fisnik Maxville cultive un mystère, que vient renforcer une musique hypnotique signée Nicolas Rabeus. Rapprochant peu à peu Olivier et les descendants Amérindiens, «Nostromo» remet alors en scène, d’une manière subtilement métaphorique, le drame historique de la colonisation et du premier contact avec l’étranger. En résulte un film captivant et mystique!

En VOD du mardi 20 avril au vendredi 23 avril à 15h sur visionsdureel.ch