Esther Kahn

de Arnaud Desplechin |
avec Summer Phœnix, Ian Holm, Fabrice Desplechin, Emmanuelle Devos, etc.


Comment donner corps à ses personnages? Comment toucher du doigt le mystère de l’incarnation? C’est à l’essence même de la problématique du théâtre et de l’acteur que s’est attaché Arnaud Desplechin pour son quatrième long-métrage. Adapté d’une nouvelle d’Arthur Symons, «Esther Kahn» narre la découverte du théâtre par la fille d’une famille pauvre d’émigrants juifs, à la fin du 19ème siècle, à Londres. Cette découverte est une révélation : Esther sera comédienne. Pour réaliser cette vocation, elle va devoir suivre un long et pénible chemin qui l’entraîne de l’enveloppe extérieure à l’incarnation du rôle, l’oblige à s’extraire de son milieu, à apprendre à se confronter aux sentiments, jusqu’à se «trouver» (dans tous les sens du terme) face à un public dans la peau de «Hedda Gabler» de Enrik Ibsen. Invoquant Bergman, Truffaut et Cassavetes, le cinéaste cinéphile Desplechin surprend avec ce film à costume interprété en anglais par des acteurs exceptionnels — Summer Phoenix et Ian Holm en tête. Partant, il réussit magnifiquement à interroger et pénétrer l’intériorité d’un être pour restituer «au scalpel» le processus incroyable de la «prise du rôle», où un corps vivant donne soudain naissance à un nouvel être: le personnage.
2000, France/Grande-Bretagne, couleur, 2h25; programme n°95