Double Peine

Soleure 2017, en compétition |
de Léa Pool


Née en Suisse, Léa Pool compte parmi nos réalisatrices les plus talentueuses, au détail près qu’elle mène toute sa carrière ou presque au Canada, dont elle a aussi la nationalité. Se vouant principalement à la fiction («Le Papillon bleu», «Maman est chez le coiffeur», «La Passion d’Augustine»), elle s’adonne aussi régulièrement à la pratique du documentaire, histoire de régénérer son regard, comme elle le dit elle-même… Si un homme condamné à la prison ne pense souvent qu’au jour où il en sortira, la plupart des femmes emprisonnées songent à leurs enfants. Deux tiers des femmes en prison sont en effet des mères, et près de trois sur quatre, des mères célibataires. Interpellée par cette réalité très cachée, Léa Pool a voulu donner la parole à leurs enfants, victimes innocentes et trop souvent oubliés du système carcéral.

Qu’ils habitent le Népal, les Etats-Unis, la Bolivie ou le Québec, la plupart d’entre eux démontrent une maturité impressionnante, endossant un rôle de «parent» pour leurs mères à la dérive. Loin de toute ostentation, déployant un art du plan et du montage empli de pudeur, la cinéaste prend le temps de laisser advenir leurs mots, à la fois admirables et terribles, qu’ils ponctuent de silences et de regards qui en disent tout aussi long. Chaque chapitre de ce tour du monde de «l’amour maternel en cage» est introduit par un intertitre reprenant l’un des droits fondamentaux de l’enfant, mais amendé par ces mômes en détresse, dont les visages songeurs hanteront longtemps la mémoire des spectateurs…
Suisse / Canada, 2017, couleur, 1h58, programme n°212

Dans le cadre de la campagne 10 mois 10 droits
En présence de Lorraine Kehrer, juriste au REPR
Mercredi 5 avril 2017, 18h, Cinéma Bio, Neuchâtel