Berlin 2016, Panorama |
de Laura Israel
Réalisé par la cinéaste new-yorkaise Laura Israel, monteuse des films de Robert Frank depuis le début des années 1990, «Don’t Blink – Robert Frank» (littéralement «Ne cille pas – Robert Frank») tire le portrait du célèbre photographe et réalisateur américano-suisse. Né en 1924 à Zurich, de parents juifs allemands, Frank part pour les Etats-Unis dès 1947. Onze ans plus tard, il publie en France «Les Américains». Légendées par l’écrivain et poète Jack Kerouac, les quatre-vingt trois photos de cet ouvrage fondent une nouvelle approche de la photographie dite documentaire, en dévoilant le visage d’une Amérique différente, ni optimiste, ni gagnante. Peu après, parce qu’il veut que «ça bouge», Frank commence à tourner des films, toujours avec la complicité de Kerouac, notamment le surréel et poétique «Pull My Daisy» (1959), devenu un classique du cinéma indépendant américain. Depuis lors, cet être profondément humain mais d’une parfaite intransigeance (les Rolling Stones peuvent en témoigner) n’a cessé d’œuvrer au plus près de sa vérité.
Emaillé d’archives exceptionnelles, le documentaire que lui a consacré sa proche collaboratrice pulse littéralement de sa formidable énergie créatrice, à fleur de sensibilité. Filmé dans son repaire sis à Mabou sur l’île du Cap-Breton, en Nouvelle-Ecosse, et dans son incroyable atelier à New-York, Frank se livre sans tricher. «Je déteste être photographié. Je ne supporte pas d’être épinglé par la caméra», soutient-il avec un air un brin goguenard…
Etats-Unis / Canada / France, 2015, couleur et noir et blanc, 1h22, programme n°209
