Docteur Jerry et Mister Love

A voir lundi 28 août 2017 à 22h40 sur France 3 |

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Pour ceux et celles qui n’auraient pas encore pris la mesure du génie de Jerry Lewis, la vision de «Docteur Jerry et Mister Love» (1963) constitue la plus étourdissante des obligations… Julius Kelp (J. Lewis), professeur de chimie dans un collège plus étasunien que nature, est la laideur incarnée: doté d’une voix de fausset, d’une dentition en surplomb, myope comme une taupe, maladroit et faiblard, il est la risée de ses élèves, hormis Stella Purdy (Stella Stevens) qui se montre un peu compatissante à son égard!

Après un séjour dans un club de gym où il échoue lamentablement à se faire des pectoraux qui pourraient inspirer un tant soit peu le respect, Kelp emploie ses dons de chimiste à élaborer une mixture qui lui accorderait meilleure allure ! Après quelques déboires, il réussit dans son entreprise et peut dès lors se métamorphoser à loisir en Buddy Love, un play-boy à la voix d’or, narcissique, méprisant et cynique, qui drague les filles de façon très déplaisante, à commencer par la gentille Stella…

Quatrième long-métrage du réalisateur comme metteur en scène, cette variation fêlée du thème de «Dr Jekyll et Mr Hyde» est sans doute son meilleur film. A raison, les critiques ont perçu ce chef-d’œuvre comme un condensé parodique du duo comique que le réalisateur du «Tombeur de ces dames» forma pendant plus de quinze ans avec le «crooner» Dean Martin, ciblant ce dernier de manière très jouissive, et avec lui toutes les pseudo-valeurs de la société américaine!

Se clôturant sur l’idée très amère (sauf pour les masochistes) «qu’il faut s’accepter tel qu’on est» (alors que tout le monde abuse de sa mixture, à commencer par ses parents), «Docteur Jerry et Mister Love» présente une fin d’une cruauté impitoyable, qui révèle la face désemparée et dépressive de son interprète (à l’instar de presque tous les grands comiques).

The Nutty Professor
de Jerry Lewis
Etats-Unis, 1963, 1h47