Do the Right Thing

de Spike Lee |
avec Spike Lee, Danny Aiello, Ossie Davis, John Turturro, Ruby Dee, etc.

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    De «Joe’s Bed Stuy Barbershop – We Cut Heads», son premier film, primé à Locarno en 1983, à «Malcolm X», son dernier, Spike Lee n’a jamais cessé d’affirmer haut et fort son appartenance à la communauté noire américaine, au point d’être devenu l’un des portes-paroles de tous ceux qui se sentent victimes du racisme.
    Réalisé en 1988, «Do the Right Thing» (son quatrième film) n’est pas un pamphlet anti-blanc, mais plutôt un portrait en coupe de la société multi-raciale américaine, vue du côté des noirs; un film politique, plus symbolique que polémique, sur le rêve d’intégration de l’Amérique — et l’impossible coexistence entre toutes ses communautés.
    Dans une petite rue de Brooklyn qui constitue — au sens le plus strict — le théâtre de l’action, vivent plusieurs populations différentes, qui s’observent et, pour la plupart, se détestent: la rue est majoritairement peuplée par des noirs; toutefois quelques latino-américains (Portoricains en particuliers) et des commerçant coréens font exception à cette homogénéité; enfin, tout au bout de la rue, la pizzeria des Italiens. Chaque communauté écoute sa musiqu spécifique, du rap à la tarentelle en passant par la salsa, symbolisant, dans un grand métissage musical, la «cacophonie» sociale américaine. Faisant le lien entre ces communautés, Spike Lee (en livreur de pizzas) incarne celui qui cherche à concilier ces contraires. Las, lorsque la comédie (musicale) du début vire au drame, lorsque l’échec du rêve de coexistence devient patent, c’est lui qui usera le premier de la violence pour faire entendre ses droits; affirmant ainsi que la violence est le seul moyen pour améliorer le sort des siens.
    Concentré à la fois ethnique et cinématographique, quelque part entre les comédies musicales des années 40 et les œuvres de Frank Capra, «Do the Right Thing» pose une question qui demeure sans réponse: dans ce pays qui s’est constitué sur la destruction du peuple indigène (les Indiens), et qui ne se compose en fait que d’immigrés, comment serait-il possible que les noirs, traités si longtemps en esclaves par les blancs, acceptent de coexister avec ces derniers?

    Etats-Unis, 1989, 1h59, couleur; programme n°26