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Auréolé de plusieurs Césars, conquiert désormais le Festival de Cannes. Après le Grand Prix du Jury en 2009 pour «Un prophète», le réalisateur français Jacques Audiard a reçu la Palme d’or du Festival de Cannes 2015 pour «Dheepan». S’inscrivant dans la veine sombre et dérangeante de son auteur, ce septième long-métrage raconte l’exil d’un Tigre tamoul nommé Dheepan dans une France aussi désenchantée que son Sri Lanka natal.
Comme le montre la scène d’ouverture, où on découvre Dheepan en train de bouter le feu au bûcher sur lequel reposent les cadavres de ses frères d’armes, la guerre civile touche à sa fin au Sri Lanka. Avec une petite orpheline et une jeune femme qui lui a emboîté le pas par instinct de survie, l’ex-rebelle s’approprie l’identité d’une famille portée disparue dont il a pu récupérer les passeports. Arrivés en France, ils accomplissent leur parcours de réfugiés dans toute son absurdité administrative, avec l’espoir de connaître une vie pacifiée lorsque Dheepan trouve un emploi de gardien d’immeuble dans une cité.
A la faveur d’une caméra extrêmement mobile, la première partie du film se focalise sur des passages obligés, comme le port du voile ou les classes d’intégration. En référence lointaine aux «Lettres persanes» de Montesquieu, Jacques Audiard pose ainsi un regard très acéré sur le monde occidental qui entoure la «fausse» famille. De la chronique sociale, le cinéaste passe au thriller en suivant son personnage principal en plans serrés dans une banlieue en proie au crime et au trafic. Adoptant une mise en scène de plus en plus nerveuse, jusqu’au climax, il décrit toutes les contradictions d’un Tigre repenti confronté à la violence de son intégration dans une société sans espoir. Un chef-d’œuvre!
UGC Vidéo
