Délice Paloma

de Nadir Moknèche |
avec Byouna, Aylin Prandi, Nadia Kaci, Daniel Lundh, etc.



Après «Le Harem de Madame Osmane» (2000) qui racontait les accès d’humeur d’une propriétaire excentrique envers ses locataires et «Viva Laldjérie» (2004) qui narrait la réconciliation d’une jeune fille volage avec sa mère, Nadir Moknèche retrouve Byouna, la grande star de la chanson algérienne. Dans «Délice Paloma», il effectue avec elle une nouvelle série de portraits de l’Algérie post-coloniale. Ne vous en faites pas, «Madame Aldjéria vous arrange ça», tel est le slogan de la petite entreprise de cette patronne à la fois vulgaire et raffinée. Son agence est spécialisée dans les combines et autres subtilités de l’extorsion, des dessous-de-table et des beautés tarifées. Autoproclamée «bienfaitrice nationale», Madame Aldjéria recrute une nouvelle jeune fille à la beauté désarmante qu’elle baptise Paloma. Entourée d’un fils qui rêve de retrouver un père inconnu et qu’elle aime comme la prunelle de ses yeux, ainsi que d’une jeune femme émancipée répondant au doux nom de Shéhérazade, elle pense alors pouvoir réaliser son rêve: s’emparer frauduleusement des thermes de Caracalla pour les transformer en un luxueux hôtel…

En hommage aux petites gens d’Alger, en particulier à celles qui ambitionnent une ascension sociale rapide, Nadir Moknèche s’impose à nouveau comme le peintre de l’Algérie actuelle, un pays d’où peu de films nous parviennent en raison d’une situation politique et sociale désastreuse. En alternant les coups fourrés au salon de thé, les entourloupes au cinéma et les bières au Sheraton, le réalisateur ponctue son film de petits épisodes colorés d’une musique raï entraînante et sensible. Mélange réussi de comédie et d’histoire policière à suspense, «Délice Paloma» relaie aussi avec finesse le message à son propre pays d’un cinéaste algérien installé à Paris: il n’y a peut-être rien de plus dangereux que de vouloir réaliser ses rêves…
France / Algérie, 2007, couleur, 2h14, programme n°150