Charlot émigrant

A voir dimanche 17 avril 2016 à 20h10 sur RTS Deux |

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Après avoir joué entre 1913 et 1915 dans les courts-métrages burlesques du studio Keystone, dirigé par Mack Sennett, et ceux de The Essanay Film Manufacturing Compagny, Charlie Chaplin est une véritable star et se voit offrir un contrat en or par le Mutual Film Corporation. Entre mai 1916 et octobre 1917, et à raison de 10’000 dollars par semaine, Chaplin a carte blanche pour écrire, jouer et réaliser une série de douze courts-métrages comiques. Jouissant d’une liberté absolue, il devient, à 26 ans seulement, l’unique maître à bord de son cinéma et donne naissance à ses plus célèbres films avant d’investir le terrain du long-métrage. En 1964, dans son autobiographie intitulée «L’Histoire de ma vie», Chaplin écrit d’ailleurs qu’il considère les années Mutual comme les plus heureuses de sa vie. Ce bonheur transparaît dans cette série de courts-métrages qui constituent aujourd’hui les plus représentatifs et les plus aboutis de l’art du plus célèbre vagabond de la planète.

Gauche, naïf, généreux, fauché et amoureux, Charlot est un personnage bourré de défauts comme de qualités. Curieusement, alors que ses qualités le mettent généralement en situation précaire, ses défauts surgissent pour sauver les meubles. Ces douze courts-métrages appartiennent à la tradition du burlesque, à l’exception de «Charlot musicien», qui annonce le Chaplin des longs-métrages.

Sorti le 17 juin 1917, «Charlot émigrant» est le 11e film de la série Mutual. Plus exigeant que jamais, Chaplin passa quatre jours et quatre nuits sans dormir pour monter les 25’000 mètres de pellicule qu’il avait filmés. Dans ce court-métrage, Charlot et un groupe d’émigrants se trouvent sur un bateau en direction de New-York. Tanguant sans relâche d’un côté et de l’autre, le navire ne facilite pas les activités de ses passagers, comme manger, discuter, jouer aux dés ou se reposer. Pourtant, cela n’empêche pas Charlot le joli cœur de s’amouracher d’une belle jeune femme et de lui donner les derniers billets qu’il possède. Une fois sur la terre ferme, Charlot n’a plus un sou et doit rivaliser d’astuces pour payer son dîner. Heureusement, il tombe sur un cinéaste qui, en plus de lui offrir son repas, l’engage avec sa belle pour jouer dans son film.

The Immigrant
de Charles Chaplin
Etats-Unis, 1917, 30 min.