Cent mille dollars au soleil

A voir lundi 21 août 2017 à 22h50 sur RTS Deux |

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Dans les années 1960, le «cinéma de papa» ou «Qualité française», expressions inventées avec dédain par François Truffaut pour désigner un cinéma de scénaristes et d’adaptations littéraires académiques, est en perte de vitesse. A côté des jeunes Turcs de la Nouvelle Vague, une génération de cinéastes redorent le blason d’«une certaine tendance du cinéma français», dont Henri Verneuil est l’un des plus importants représentants.

Après un démarrage timide et insipide, le cinéaste d’origine arménienne a développé une exigence artistique et narrative qui lui a permis d’élaborer une filmographie solide, caractérisée par des interprètes prestigieux et des scénarii rondement ficelés. Durant la décennie 1960, il enchaîne les succès avec le très alcoolisé «Un Singe en hiver» (1962), les criminels «Mélodie en sous-sol» (1963) et «Le Clan des Siciliens» (1969) et enfin la cavale saharienne de «Cent mille dollars au soleil» (1964).

Au Maroc, Castigliano dirige une entreprise de transports dans laquelle travaillent Rocco (Jean-Paul Belmondo) et Marec (Lino Ventura). Excellent conducteur, Rocco est stupéfait d’apprendre que son chef a engagé Steiner, un illustre inconnu, pour convoyer de mystérieuses marchandises vers le Nigeria. Apprenant ce que contient le chargement, Rocco vole le camion et s’enfuit avec Pepa, une jeune femme qui semble en savoir long sur cette affaire. Ne pouvant pas alerter la police, Castigliano ordonne à Marec de pourchasser les fuyards…

En grand admirateur du cinéma américain, Henri Verneuil rend hommage au cinéma de genre en s’appropriant les codes du western traditionnel. De ses homologues américains, il conserve une empreinte visuelle (tournage en scope, plans audacieux, paysages désertiques) et un sous-texte colonisateur (les Maghrébins ayant remplacé les Indiens), mais décrit des personnages bien français. Antihéros au grand cœur, ces baroudeurs ne sont jamais avares de répliques cinglantes typiquement «audiardiennes». C’est d’ailleurs ce qui fait la particularité de «Cent mille dollars au soleil», un film essentiellement basé sur ses dialogues qui prétexte des aventures rocambolesques pour tailler chaque facette de personnages hauts en couleur. Beau et fendard!

de Henri Verneuil
Etats-Unis / Italie, 1964, 2h10