Ça

Revitalisé par le Net, où moult ados s’ingénient à se faire peur en bricolant une petite séquence chair de poule, le cinéma d’épouvante revient hanter nos grands écrans, non sans succès. En témoignent les records d’audience enregistrés aux Etats-Unis par «Ça» («It») d’Andy Muschietti, tiré du roman culte de Stephen King, qui avait déjà fait l’objet d’une adaptation télévisuelle en 1990.

Force est d’admettre que le réalisateur argentin a plutôt réussi son coup. Auteur du déjà très éprouvant et assez bien fichu «Mamá» en 2013, dans lequel deux fillettes s’inventaient une mère de substitution peu commode, il récidive ici de manière encore plus pétrifiante dès la séquence d’ouverture, où un petit garçon innocent débusque dans une bouche d’égout un clown fort peu amène…

Derrière ce masque grimaçant se cache une entité malfaisante et métamorphe, qui sort de sa torpeur à intervalles réguliers pour venir bouloter les gamins de la tranquille bourgade de Derry. Une bande d’ados ostracisés, qui ont fondé le Club des Ratés, va s’efforcer de mettre un terme à ses activités carnassières. Rarement les enfants n’auront été autant mis à l’épreuve au cinéma, au point de susciter le malaise chez le spectateur ignorant tout du roman-fleuve de King.

Plus que la violence des scènes, ce qui interpelle ici c’est la manière dont le cinéaste dépeint l’entourage de ses jeunes protagonistes. Leurs parents ne leur témoignent aucun intérêt et ne leur sont donc d’aucune aide. Idem pour l’école, lieu suprême d’intimidation et d’humiliation permanentes… Le sieur Muschietti a beau avoir situé son action terrifique en 1989, son constat social fait froid dans le dos. Comme quoi, l’horreur peut prendre bien des aspects!

de Andrés Muschietti
Etats-Unis, 2017, 2h15