Brooklyn Yiddish

Après deux documentaires passionnants, dont l’un sur des chauffeurs de taxi à New-York, le jeune cinéaste Joshua Z. Weinstein réussit son passage à la fiction avec «Brooklyn Yiddish», tout en persistant dans la veine d’un cinéma d’observation fine qu’il a pu expérimenter comme documentariste.

A Borough Park, quartier juif ultra-orthodoxe de Brooklyn, Menashe Lustig, modeste employé d’une épicerie casher, se bat pour la garde de son fils Rieven. Ayant perdu sa femme, la tradition hassidique lui interdit de l’élever seul. Pour récupérer son enfant, Menashe est sommé de se remarier en ayant recours à un entremetteur. Parce qu’il a déjà connu l’infortune d’un mariage forcé, ce père aimant mais un peu foutraque refuse le diktat d’une communauté qu’il ne peut cependant se résoudre à quitter. Il aggrave son cas en enlevant son fils à son frère, le fortuné Eizik, qui est chargé de l’éduquer dans l’attente du remariage.

Consulté sur ce différend, le Grand Rabbin accorde à Menashe de passer une semaine avec son enfant, histoire de voir ce dont il est capable… Laïc, Weinstein porte un regard à la fois tendre et tragi-comique sur une communauté très fermée, qu’il dit avoir appris à connaître en préparant son film. Porté par l’acteur Menashe Lustig, qui a lui-même vécu pareille situation, et des non-professionnels tous remarquables d’authenticité, «Brooklyn Yiddish» est une manière de conte juif contemporain méditant sur la règle et l’usage, le respect et l’appartenance… Une belle découverte!

Menashe
de Joshua Z. Weinstein
Etats-Unis, 2017, 1h21