Billie

Dans les années 1960, la journaliste Linda Lipnack Kuehl commence une biographie de la chanteuse Billie Holiday (1915-1959), recueillant près de deux cents heures de témoignages audio, dont ceux de Charles Mingus, Tony Bennett, Count Basie, ses amants, ses avocats, ses proxénètes et même les agents du FBI qui l’ont arrêtée à plusieurs reprises pour détention de stupéfiants. Menacée pendant ses recherches, la journaliste ne finira jamais ses investigations. En 1978, son corps inerte est retrouvé dans une rue de Washington…

A partir des interviews restées inédites, le réalisateur américain James Erskine parachève le travail de sa consœur, rendant ainsi un hommage bouleversant à l’une des plus grandes voix du jazz du vingtième siècle, qui fut aussi une icône de la lutte contre la ségrégation. Suivant le fil de sa vie, le cinéaste décrit non seulement les traumatismes et l’engrenage psychologique qui l’ont fait souffrir, mais aussi le racisme et l’acharnement politique dont elle fut la victime. Le montage, très habile au demeurant, ordonne avec dextérité les innombrables images d’archive, dont certaines ont été joliment colorisées, dans une perspective d’enquête, tout en montrant que la chanteuse avait trouvé le meilleur exutoire en chantant. Si l’on regrette parfois que le film ne laisse pas assez de place à sa musique, le portrait de cette immense artiste n’en demeure pas moins poignant et troublant d’actualité.

de James Erskine
Grande-Bretagne, 2019, 1h37