Big Eyes

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(L-R) AMY ADAMS and CHRISTOPH WALTZ star in BIG EYES

Pour son dix-septième long-métrage, Tim Burton renoue avec l’esprit du génial «Ed Wood» (1994) en s’attaquant à une nouvelle imposture artistique, une situation qui n’est peut-être pas si éloignée de celle qu’il connaît lui-même à Hollywood… Au milieu des années cinquante apparurent, sur les murs d’une boîte de jazz à San Francisco, des tableaux d’enfants tristes aux yeux démesurés (d’où les «Big Eyes»). Publiciste de génie et signataire des tableaux, Walter Kane (Christoph Waltz) va gagner des millions de dollars avec ces œuvres affligeantes et méprisées par l’establishment artistique. Un divorce (en 1965) et un procès (en 1970) plus tard, la supercherie est dévoilée, plongeant dans la tourmente médiatique une petite femme blonde (Amy Adams), l’épouse discrète et malheureuse de Walter, qui n’est autre que la véritable auteur des tableaux…

Avec une vitalité retrouvée, Burton décrit à merveille l’agonie de ce couple empêtré dans son mensonge, injectant dans l’hédonisme qui prévaut à l’époque le poison lent et insidieux de la défiance. Les acteurs, tant Amy Adams dans le rôle de l’artiste reléguée dans l’ombre, que l’irrésistible Christoph Waltz dans celui de l’imposteur, sont absolument stupéfiants de justesse et de présence. En résulte une réflexion amère et combien actuelle sur la situation de l’art miné par l’impératif promotionnel, magnifiée par un style baroque révélateur de la patte d’auteur de sieur Burton.

de Tim Burton
Etats-Unis, 2015, 1h47