Bien dans sa peau?

Programme n°226 |

Du 13 février au 19 mars, Passion Cinéma explore la manière dont nous habitons nos corps, jusqu’à devenir parfois nos propres avatars. Ne manquez pas ces 10 films inédits et la séance spéciale proposée en présence de la réalisatrice Elsa Amiel.

Bien dans sa peau?

Dans les années 1940, maintes jeunes femmes désireuses de faire carrière dans le cinéma sont passées entre les mains d’un obscur chirurgien esthétique tenant cabinet dans une arrière-cour du mythique Hollywood Boulevard. La plupart lui présentaient en guise de modèle opératoire un portrait de la star Veronica Lake, dont on disait qu’elle avait un visage parfait.

Selfie, mon beau selfie

Aujourd’hui, il s’agit plutôt de ressembler à son selfie, autrement dit de se soumettre à des interventions de chirurgie afin de reproduire le reflet remodelé que nous renvoie notre smartphone par le biais de Snapchat, Instagram ou Facetune. Aux dires de plusieurs praticiens, nombre de jeunes patients leur montrent désormais leur selfie retouché à titre d’exemple à suivre.

Nos propres avatars

C’est certes un truisme que d’écrire que l’image exerce une influence sur la façon dont nous habitons nos corps, mais force est de constater que nous ne sommes plus très loin de devenir nos propres avatars, souquant ferme vers une forme de transhumanisme parfaitement illustré par le fascinant «Alita: Battle Angel» produit par James Cameron, sans doute l’un des cinéastes les plus au fait des nouvelles technologies.

La vie nue

A contrario de «Alita» qui ouvre le cycle de Passion Cinéma, d’autres films au programme s’en tiennent à la vie nue, restituant le difficile compagnonnage de l’esprit et du corps, surtout quand celui-ci subit le viol («Grâce à Dieu» de François Ozon), s’astreint à des métamorphoses qui paraissent contre-nature («Pearl» de Elsa Amiel), est fui par le désir («The Wife» de Björn Runge) ou alors vieillit irrémédiablement («Stan & Ollie» de Jon S. Baird)!

L’énigme du génie

Le corps procède aussi du dressage, comme le montre le port altier des rivales de «Marie Stuart, Reine d’Ecosse» de la réalisatrice Josie Rourke. Mais par la grâce et l’obstination d’une créatrice hors norme, il peut aussi réussir à s’affranchir de ses dompteurs (le documentaire «Impulso» sur la danseuse Rocío Molina). Ou abriter dans celui d’un enfant l’énigme irrésolue du génie, jusqu’à rendre complètement folle l’institutrice qui s’y confronte («The Kindergarten Teacher» de Sara Colangelo)… Alors, bien dans sa peau?

Vincent Adatte