Barroco

de Paul Leduc |
avec Francisco Rabal, Angela Molina, Ernesto Gomez Cruz, etc.

    barroco_WEB

    Adapté de Concert baroque, roman extraordinaire écrit par l’écrivain cubain Alejo Carpentier, Barroco (1989), le cinquième long métrage étourdissant du Mexicain Paul Leduc modèle, ou plutôt cisèle le thème de l’intégration par le biais de l’histoire musicale. Révélant grâce à d’audacieuses connexions les interactions qui existent entre les cultures musicales noire, indienne et européenne, Leduc établit une réflexion «sans paroles» sur l’identité culturelle et ses métamorphoses continuelles.
    Réalisé deux ans avant «Latino Bar» (présenté dans le cadre de notre sélection 1993 du Festival des Films du Sud), «Barroco» est bâti sur une dérive musicale dans le temps et l’espace. Dépourvu de dialogues, comme «Latino Bar», il raconte en quatre mouvements le voyage imaginaire d’un Mexicain riche et blanc, qui, accompagné de ses deux serviteurs (un indien et un noir), souhaite apprendre à connaître toute la richesse du monde de la musique.
    Le premier mouvement, Andante, rapporte la rencontre entre le monde indien et les conquérants espagnols, tout en expliquant la genèse d’une violence séculaire. Intitulé Contredanse, le deuxième mouvement nous ramène à l’époque coloniale et restitue l’univers musical des esclaves africains et l’irruption de leurs rythmes subversifs dans les salons bourgeois. Le Rondo Cantabile explore différents courants de pensée qui ont vu le jour en Espagne: de l’intense liberté intellectuelle dont jouissaient les sujets juifs et mulsulmans sous les califats arabo-andalous, à l’épopée de Don Quichotte, en passant par le rêve républicain des communistes et des anarchistes des années trente. Le quatrième et dernier mouvement, le Finale, tente d’effectuer une synthèse festive de ces intégrations successives, après soustraction de leurs lots de souffrance respectifs.
    Avec un culot grandiose, Leduc restitue ce voyage musical dans un style unique qu’il qualifie de baroque: surabondant, impur, érotique, libre et inutile; formant une langue qui n’est pas fermée sur elle-même, capable donc d’intégrer l’inédit et la différence!

    Mexique / Espagne / Cuba, 1989, 1h52, couleur; programme n°26

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