Babylon A.D.

A voir mardi 29 août 2017 à 21h sur W9 |

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Epopée futuriste baignée de mysticisme, «Babylon A.D.» de Mathieu Kassovitz, l’auteur de «La Haine», est à l’image de ses conditions de production. Chaotique et tourmenté, à classer dans la catégorie des ratages passionnants…

Acteur de grand talent, Mathieu Kassovitz mène de front une carrière de réalisateur moins probante. Après des débuts fracassants en banlieue avec «La Haine» en 1995, puis l’excellent «Assassin(s)» avec Michel Serrault, il nous a laissé un peu sur notre faim dans «Les Rivières pourpres». Cédant aux sirènes hollywoodiennes, le fils du cinéaste Peter Kassovitz nous a ensuite franchement déçus avec «Ghotika», en dépit des charmes conjugués de Halle Berry et Penelope Cruz. Avec une passion prometteuse, le fiancé d’Amélie Poulain s’est alors attelé à un projet qui lui tenait particulièrement à cœur, l’adaptation du roman d’anticipation de Maurice Le Dantec, «Babylon babies».

Las, des stars revêches, un producteur envahissant et des conditions météorologiques désastreuses ont transformé le tournage de ce projet ambitieux en cauchemar inéluctable, au point que le film est devenu aujourd’hui la propriété de la société d’assurances responsable de sa bonne fin… Au cœur d’une vieille Europe futuriste fort peu séduisante, Toorop (Vin Diesel), mercenaire à la petite semaine, est chargé par un seigneur de la guerre inquiétant (Gérard Depardieu) d’escorter jusqu’à New York une jeune nonne enceinte (Mélanie Laurent) dont semble dépendre le sort de l’humanité, pas moins!

Secondé par une mère supérieure karatéka (Michelle Yeoh), notre mercenaire entreprend de Sibérie en Alaska un périple transcontinental semé d’embûches meurtrières… Sur fond de manipulations génétiques et d’embrouilles virtuelles, Kassovitz entrecoupe ses scènes d’action pure d’élans mystiques un peu trop téléphonés. Entre «Les Fils de l’homme» (Alfonso Cuarón) et «Blade Runner» (Ridley Scott), le cinquième long-métrage du cinéaste français ne parvient pas vraiment à trouver sa place. Qui plus est, les acteurs assurent un minimum syndical qui tend à prouver que l’ambiance ne devait pas être très jouasse sur le plateau. En résulte un film maudit, trop rarement fulgurant, dont le «making of» doit être plus haletant, à en croire les récits apocalyptiques rapportés par certains participants…

de Mathieu Kassovitz
France / Etats-Unis, 2008, 1h41