Au poste!

Depuis 2001, le réalisateur français Quentin Dupieux, alias Mr Oizo, bâtit une filmographie surréaliste qui compte notamment un pneu tueur, des liftings comme gages de réussite sociale et Alain Chabat dans la peau d’un réalisateur en perte de repères. Après avoir filmé le désœuvrement et l’incompétence d’une poignée de flics américains dans «Wrong Cops», il s’est adjoint les services de Benoît Poelvoorde et Grégoire Ludig, membre du «Palmashow», pour son nouveau film «Au poste!», un projet annoncé par une série de bandes annonces uniques en leur genre.

Après une séquence d’ouverture déconcertante où un chef d’orchestre vêtu d’un slip rouge plante ses musiciens en pleine nature pour échapper à la police, le récit bifurque pour raconter l’interrogatoire d’un homme qui a alerté la police après être tombé sur le cadavre d’un inconnu au pied de son immeuble. Manifestement innocent, le prévenu (Grégoire Ludig) se heurte au scepticisme outrancier d’un inspecteur pas comme les autres (Benoît Poelvoorde)…

Le cinéaste pousse la blague jusqu’à l’abstraction pour déconstruire les situations types d’une garde à vue à huis clos. Absurdes ou grotesques, les dialogues donnent toute sa matière au film, tandis que la structure du récit est constamment déboulonnée pour se redéployer là où on ne l’attend pas. Avec son méta-langage et ses clins d’œil à l’esthétique des polars français des années 1970-1980, ce tête-à-tête indescriptible d’une durée idéale de septante minutes reste curieusement accessible à tous et nous rappelle une fois encore que Quentin Dupieux est un conteur de blagues hors pair.

de Quentin Dupieux
France, 2018, 1h13