Ariel

de Aki Kaurismäki |
avec Turo Pajala, Susanna Haavisto, Matti Pellonpää, etc.

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      Grand pays méconnu, malmené par de multiples invasions et souffrant du voisinage (ex-)soviétique, la Finlande a toujours eu un problème d’identité. Le cinéma de Aki Kaurismäki est à l’image de cette crise existentielle et sa trilogie de la réalité finlandaise («Shadows in Paradise», «Ariel» et «La Fille aux allumettes») reflète ce malaise: les individus y sont pauvres et vides, et se nourrissent du rêve d’un ailleurs plus chaud, plus riche, où sera possible la reconnaissance. Kaurismäki participe à ce désir de fuite: Ariel exaspère à toute vitesse (le film ne dure que 74 minutes) tous les «genres» cinématographiques possibles, du «road-movie» à la comédie musicale en passant par la satire sociale et le polar…
      Ce deuxième film de la «trilogie prolétarienne» débute déjà par une situation où l’ironie se mêle au drame: Taisto, jeune mineur au Nord de la Finlande, est licencié; son père, chômeur, lui fait cadeau de sa belle voiture américaine… juste avant de se suicider. Taisto part alors vers le Sud du pays, frigorifié au volant de sa rutilante décapotable décapotée — puisque son toit ne ferme pas!
      Avec une forme de cynisme que certains appellent «lyrique», à la fin de «Ariel» les héros de cette dérive prennent le bateau pour le Mexique, alors que retentit la mélodie-phare du «musical» américain Over the Rainbow. Jouant des codes «positifs» du cinéma hollywoodien pour mieux les pervertir, Kaurismâki suscite le rire (face à l’horreur hypertrophiée de la situation) mais aussi l’angoisse face à un réel qui, pour être apparemment caricatural, ne nous ressemble pas moins.
      France / Finlande, 1988, 1h14, couleur; programme n°10

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