A leur corps défendant

Programme n°217 |

Du 3 janvier au 6 février 2018, Passion Cinéma présente sept films inédits qui interrogent notre manière de coexister avec nos corps. Une coexistence forcée mais parfois libératrice, que rend à merveille le cinéma, art de la présence par excellence!

A leur corps défendant

Passion Cinéma étrenne la nouvelle année avec un cycle de films inédits, qui interrogent les façons variées dont nous essayons de coexister avec nos corps jusqu’à la disparition inéluctable à laquelle nous sommes toutes et tous promis. 

Une coexistence difficile

Avec l’âge, le sentiment de cette cohabitation parfois difficile se fait toujours plus vif, à l’exemple des deux protagonistes tragicomiques de «L’Echappée belle» de Paolo Virzì, dont les corps s’érodent de façon inexorable. Au soi-disant doux temps de la jeunesse, composer avec son corps ne semble pas plus facile, comme le montre le jeune héros de «Seule la terre» de Francis Lee, soumis à des pulsions autodestructrices qui l’empêchent d’être lui-même.

encore vivable?

Comment habiter un corps que des normes racistes ont rendu «inférieur»? Une marque d’infamie complètement arbitraire et d’autant plus rude à assumer pour l’héroïne de «Sami – Une Chronique lapone» d’Amanda Kernell… Pareille interrogation vaut aussi pour les êtres difformes exhibés au gré des foires par le pourtant bienveillant P. T. Barnum dans «The Greatest Showman» de Michael Gracey. Et un corps privé du sens de la vue est-il encore vivable? Oui, à en croire l’inouï «Vers la lumière», le nouveau film de la cinéaste japonaise Naomi Kawase. Radicale, la comédie «Downsizing» d’Alexander Payne entend résoudre le problème de la surpopulation en miniaturisant nos enveloppes corporelles, encore faut-il supporter ce changement d’échelle!

S’échapper de nos carcasses

Dans le stupéfiant documentaire «Ni juge ni soumise» de Jean Libon et Yves Hinant, tous les prévenus qui défilent dans le bureau de la juge Anne Gruwez s’y retrouvent sans nul doute à leurs corps défendant: mal à l’aise, comme à l’étroit, faisant peut-être à cet instant le rêve impossible de pouvoir s’échapper de leurs carcasses prochainement condamnées à une immobilité forcée.

Vincent Adatte